mardi 19 mai 2009

Appel à contributions en hommage à René Vautier

En hommage à un immense cinéaste dont l'œuvre reste largement méconnue et sous-évaluée, les 3 et 4 septembre 2009 se tiendront à l'INHA deux journées d'études consacrées au parcours et à l'œuvre de René Vautier. En présence du cinéaste.

Responsabilité scientifique : Nicole Brenez, assistée de Bidhan Jacobs, Olivier Hadouchi et Gabriela Trujillo.

En collaboration avec les Trois-Lumières.
Nous invitons toute personne intéressée à contacter nicole.brenez@univ-paris1.fr


Extraits de la notice du Dictionnaire Larousse du cinéma, rédigée par Nicole Brenez:

  • "VAUTIER (René), cinéaste français (Camaret-sur-Mer, 1928). FFI, décoré de la Croix de Guerre à 16 ans, il décide une fois pour toutes de se battre non avec des armes mais avec une caméra. En 1946, il se présente à l’IDHEC où il est reçu premier à l’écrit, deuxième à l’oral. Durant ses études, il participe clandestinement à la réalisation de La Grande lutte des mineurs, œuvre collective signée par Louis Daquin (1948).
  • En 1950, en dépit de la censure française qui lui confisque une grande partie de ses bobines, il réussit à terminer Afrique 50, premier film anti-colonialiste français, chef d’œuvre du cinéma engagé, qui lui vaut treize inculpations et une condamnation à un an de prison.
  • Dès lors, au prix de blessures physiques (il raconte avec humour qu’il doit être le seul réalisateur à avoir un morceau de caméra dans le crâne, en raison d’un tir essuyé sur la ligne Morice entre Algérie et Tunisie), au prix de nombreuses années de prison et d’une mémorable grève de la faim, la lutte de René Vautier contre toutes les formes d’oppression, politiques, économiques et culturelles (censure) ne cessera plus.
  • Combat contre le capitalisme (Un homme est mort, 1951, Anneaux d’or, 1955, Transmission d’expérience ouvrière, 1973, Quand tu disais, Valéry, 1976) ; contre le colonialisme et plus particulièrement la guerre d’Algérie (Une nation, l’Algérie, 1954, Algérie en flammes, 1958, J’ai huit ans, 1961, co-r. Yann et Olga Le Masson, Avoir 20 ans dans les Aurès, Techniquement si simple et La Caravelle, tous trois en 1971, ainsi que l’enregistrement de nombreux témoignages sur la torture) ; contre le racisme en France (Les Trois cousins, Les Ajoncs, 1970, Le Remords, 1974) ; contre l’apartheid en Afrique (Le Glas, 1970, Frontline, 1976) ; contre la pollution (Marée noire et colère rouge, 1978, Hirochirac, 1995) ; contre l’extrême-droite française (À propos de l’autre détail, 1984-88) ; combat en faveur des femmes (Quand les femmes ont pris la colère, co-r. Soazig Chappedelaine, 1977), combat pour la Bretagne, à laquelle il a consacré d’admirables documentaires (Mourir pour des images, 1971, Le Poisson commande, 1976). La Folle de Toujane, co-r. Nicole Le Garrec, fiction documentée, 1974, établit un parallèle en l'Algérie et la Bretagne.
  • René Vautier représente l’archétype du cinéaste engagé, l’exemple héroïque de son courage intellectuel et physique a inspiré nombre de réalisateurs et techniciens. La nature militante de son cinéma s’appuie d’une part sur une extrême rigueur plastique, capable de faire au présent immédiat l’hommage de sa grandeur épique, et de l’autre sur une constante inventivité formelle, qui l’ont aidé à surmonter en toutes circonstances les difficultés pratiques liées à une œuvre "d’intervention sociale". Son slogan pourrait être, selon ses propres termes : "Ecrire l’histoire en images. Tout de suite".
  • René Vautier aurait réalisé environ 180 films, son œuvre, dispersée par les urgences de l’histoire, reste largement à identifier, retrouver et restaurer. "

jeudi 14 mai 2009

augustin gimel - Cut-u[to]p[ia]

le 28 mai à l'ihna, salle jullian, à partir de 18h30, augustin gimel adapte un polyptique déjà pensé en 2006 comme une exégèse de l'ensemble de ses œuvres sur grands écrans et moniteurs, opérant sur le son comme sur les images des rapprochements, parallélismes, collisions

le polyptique sera ouvert pour impaKt et expérimentera des formes de projections inédites avec au moins 8 sources d'images, parfois déformées : des vidéoprojecteurs, des diapositives, des ordinateurs, sur les murs et à l'extérieur de la salle, avec des vidéos d’installations, telles syncopes, images de barres d'immeubles retravaillées en noir et blanc et s'effondrant sur une bande-son fracassante

ce sera donc un dispositif éclaté pour une séance explosive consacrée à la fragmentation des utopies contemporaines



augustin gimel est né en 1974 à paris. diplômé de l’école nationale supérieure des arts décoratifs et de l’école nationale supérieure des beaux-arts de paris, il réalise des films, des vidéos et des installations. son travail propose une réflexion sur les limites de la perception visuelle et sonore par l'utilisation du plan-photogramme, des combinatoires et du clignotement. par la contraction ou l'élongation du temps, par des rapprochements de systèmes de représentation antagonistes, le montage révèle la poésie interne des matériaux pris sur le vif.
des entités nouvelles apparaissent le temps d’un battement de cils

parmi ses œuvres :
janiceps, 12’, 2007
les hommes errants, 2’, 2006
ère de jeux, 2’, 2006
CUT-U[to]P[ia], multi-screen installation, loop, 2006
savanna bay, 30’, 2005
tentative anti-grammaticale, video+improvised music, 35’, 2005
genève, 6’, 2004
le postulat d’euclide, 10’, 2004
extracorpus, 9’30, 2004
fig. 4, 5’, 2004
DIN 16538/39 (MX/TNR/NY/MAD), multi-screen installation, loop, 2004
l’œil lourd du voyage mécanique, 3’, 2003
je n’ai pas du tout l’intention de sombrer, 4’45, 2002
état de choc, new york 11/09/01, 40’, 2002
N/E/S/W, 4’, 2002
//, 5’, 2002
RADAR (xE), multi-screen installation, loop, 20021
305, 2’, 2001
RADAR, 2’, 20015
puissance 5 ASA, 2’, 2001
il n’y a rien de plus inutile qu’un organe, 9’, 1999
DIN 16538/39 (Paris), 2’, 1999 90°, 0'40, 1999 IO, 1’30, 1998

lundi 4 mai 2009

subversion colorée

après le cinéma de la transgression selon angélique bosio, l’attentat visuel de waël noureddine et l’inquiétude technologique de jacques perconte, impaKt continue d’explorer les diverses formes contemporaines de la subversion : gabrielle reiner a voulu une séance qui transpose dans l’espace de la projection les éléments fondateurs de sa politique d’exploration ludique et pulsionnelle du féminin, corps, fantasmes, peurs.


lors de cette soirée haute en couleurs, on a vu la salle réorganisée façon thé dansant, des hôtesses en robes verte, rouge, bleue, orange, fuschia et noir assorties à des tables garnies de nourritures et de boissons monochromes. il y avait là une reprise étrange et distanciée, autour d’un carnet de bal, des codes muets de la séduction, sur une bande originale empruntée au viril robert mitchum chantant le calypso.

ce dispositif conçu en fonction du prochain film de gabrielle, dont on a pu voir la bande-annonce, a servi d’écrin à des images parfois dérangeantes, toujours sensuelles, faisant la part belle aux gros plans ritualisés. avec son grand œuvre – la princesse est indisposée, elle ne reçoit personne – gabrielle reiner accentue à plaisir l’étrangeté d’une terra incognita très freudienne, devant laquelle le public de la séance semblait parfois diversement réceptif. certains spectateurs saisis par l’exhibition des cor(p)s, notamment dans l’étude n°1 où ève gollac chante, précisément, « mon cul sur la commode », d’autres complices et amusés devant l’humour de ces mises en scène du féminin et de ses dualités intrinsèques ou projetées : narcissisme et pulsions autodestructrices, parure et déshabillage, cuisine débouchant sur de symboliques et ludiques castrations.

ève gollac à l'écran et dans la salle, en jeune fille virginale

avec leurs philtres colorés, gabrielle reiner et ses actrices furent décidément de bien belles sorcières qui ont su troubler le public de l'inha...